Avec les robots japonais dirigés depuis les philippines l’esclavage s’est modernisé

Au Japon, des robots magasiniers sont contrôlés à distance par des travailleurs philippins qui sont payés une misère. Est-ce que c’est un progrès technologique ? Certainement pas ! C’est plutôt une ignominie supplémentaire à ajouter dans la vieille histoire de l’exploitation de l’homme par l’homme. Parce que derrière les robots et les casques de réalité virtuelle c’est toujours la même logique : Un petit nombre de privilégiés s’enrichit au détriment d’une majorité de pauvres.
Voyager c’est comprendre que l’Occident est une forteresse de privilèges
Lorsque l’on a passé des années dans des pays où la majorité de la population se tue à la tâche pour des salaires indécents, on réalise que malgré les inégalités grandissantes l’occident reste une zone où l’on vit plutôt bien. Mais il faut être conscient que cette bulle de confort, de droits sociaux et de stabilité économique a été construite sur le dos du reste du monde.
Prenons le cas d’un travailleur philippin. S’il reste dans son pays il devra se contenter d’un salaire souvent inférieur à 100 dollars par mois pour des journées de 12 heures ou plus. Et tout ça sans aucune protection sociale digne de ce nom. Donc, s’il émigre en occident, même pour un emploi ingrat, il considérera cela comme une grosse promotion. Parce qu’il aura accès à un logement bien équipé, à une voiture lui appartenant, à une bonne éducation pour ses enfants, à des soins médicaux de qualité… Bref, à toutes ces choses que nous tenons pour acquises mais qui deviennent des symboles de réussite pour quelqu’un qui vient d’un pays défavorisé. Et pendant ce temps, en occident nous continuons à croire que notre confort est uniquement le fruit de notre mérite.
Et pour mieux nous faire oublier nos doutes, depuis l’enfance on nous rentre dans la tête des slogans creux comme « l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt » ou « il faut travailler dur pour réussir ». Pourtant, les ouvriers boulangers ne deviennent pas millionnaires et les héritiers des grandes fortunes ne transpirent pas pour conserver leur empire. Alors la vérité c’est plutôt que les règles du jeu sont écrites par ceux qui possèdent déjà tout et que les autres n’ont d’autre choix que de se battre pour les miettes. De grosses miettes pour nous autres les occidentaux. Et de petites miettes pour le reste du monde.
L’esclavage délocalisé c’est l’héritage de l’empire romain en version 2.0
L’Empire romain avait ses citoyens et ses esclaves. Aujourd’hui, nous avons nos migrants et nos travailleurs délocalisés. La différence ? Les chaînes sont devenues économiques et technologiques plutôt que physiques.
À l’époque romaine l’esclave était une propriété. Au même niveau qu’un objet que l’on pouvait acheter, vendre ou hériter. Son asservissement était visible : Des fers aux poignets, des colliers de métal, des marquages sur la peau… Et la violence envers les esclaves était clairement assumée et même inscrite dans la loi. De nos jours, les chaînes ont changé de forme. Mais leur fonction reste exactement la même : Maintenir des millions d’êtres humains dans un état de soumission permanente. Tout ce qui change tient littéralement du machiavélisme car le système arrive à donner aux esclaves modernes l’illusion qu’ils sont libres.
Prenons par exemple le cas d’un ouvrier philippin qui pilote un robot placé dans un konbini japonais. Officiellement, il est salarié. Il a signé un contrat de travail. Il touche un salaire d’environ 300 dollars par mois. Soit juste de quoi survivre à Manille. Alors certes il n’a pas de fers aux pieds, mais ils sont remplacés par un casque de réalité virtuelle rivé à son crâne dix heures par jour et la menace permanente du licenciement s’il ne suit pas le rythme. Ce n’est donc pas son corps qui est enchaîné mais son esprit.
Parce que les chaînes d’aujourd’hui ce sont les dettes. Les dettes contractées pour payer une formation qui ne mène à rien, pour soigner un parent malade, pour envoyer ses enfants à l’école dans l’espoir qu’ils échappent à ce cycle infernal. Et aux Philippines, comme dans tant d’autres pays, des familles entières s’endettent sur des générations pour financer des études ou des opportunités professionnelles qui dans le meilleur des cas ne mènent qu’à des emplois précaires. De ce fait, un citoyen qui doit rembourser un prêt ne peut pas se permettre de refuser un boulot, même s’il le rend malade. Il ne peut pas non plus se syndiquer, ni réclamer de meilleures conditions. Il est donc totalement prisonnier d’un piège financier qui le maintient dans un état de dépendance permanente. Et dans cette configuration c’est la banque ou le microcrédit qui remplace le maître romain.
Mais c’est partout pareil. En occident les classes moyennes s’enfoncent toujours plus bas dans le déclassement. Le fouet a été remplacé par des outils high-tech. Comme par exemple les algorithmes de gestion des entrepôts Amazon qui chronomètrent chaque mouvement des employés et les licencient s’ils prennent une pause pipi trop longue. Comme les plateformes Uber ou Deliveroo qui traquent en temps réel la localisation de leurs livreurs et leur imposent des cadences inhumaines sous peine de désactivation. Du coup, cela soulève aussi la question de savoir si l’esclavage moderne n’est pas en train de se généraliser ?
Mais en attendant que la nouvelle technologie qui nous promettait le paradis sur Terre finisse de se transformer en véritable enfer, le travail est déporté vers les lieux où la main-d’œuvre est la moins chère et la moins protégée. Et avec des technologies telles que la robotique opérée à distance par des humains, l’esclavage n’a jamais été aussi rentable. Car les maîtres modernes n’ont même plus besoin de loger ou de nourrir leurs esclaves. Et encore moins de les soigner lorsqu’ils tombent malade.
Le plus pervers dans cette tragédie c’est que cette nouvelle forme d’esclavage se revendique de la modernité en utilisant des mots qui renforce l’illusion de la liberté. On ne parle plus d’esclaves mais de travailleurs indépendants ou de freelances. On leur vend le rêve de la flexibilité, de l’autonomie et de la possibilité de gravir un jour les échelons pour pouvoir exploiter les autres à leur tour. Mais dans les faits, leur liberté se résumera toujours à choisir entre plusieurs formes de précarité ou bien à finir clochards.
À Rome les esclaves n’étaient pas considérés comme des personnes mais comme des outils. Aujourd’hui les robots pilotés à distance sont présentés comme une solution à la pénurie de main-d’œuvre mais jamais comme pour ce qu’ils sont vraiment : Un moyen de contourner les droits des travailleurs et les normes sociales. Et au final, le travailleur philippin n’est plus un être humain aux yeux de son employeur japonais parce qu’il a en quelque sorte fusionné avec une machine.
Et ensuite ? Que deviendront ces esclaves modernes dès que l’IA sera assez performante pour se passer d’eux ? Ils ne seront hélas pas affranchis. Ils seront simplement complètement remplacés par la technologie de la même façon que l’on remplace un outil devenu obsolète. Parce que dans le système capitaliste les gens ordinaires ne sont pas considérés comme des citoyens. Ce sont juste des coûts à réduire le plus possible et des variables d’ajustement.
Alors jusqu’à quand est-ce que l’on va rester indifférents à cette situation intolérable ? Jusqu’à ce que la fortune de Musk atteigne mille milliards de dollars et que l’on ait tous les poches vides ? Je pose ces questions parce que la cupidité n’a aucune limite. Strictement aucune. Alors si on ne lui en impose pas comme c’est le cas actuellement, il n’y a pas l’ombre d’une chance pour que nos sociétés progressent vers le bien-être. Autrement dit, cela va continuer à devenir de pire en pire. Certainement jusqu’à ce que cela finisse vraiment très mal pour tout le monde.
La robotique et l’IA sont-ils des outils de libération ou de domination ?
Imagine un monde où les machines prendraient en charge les tâches les plus pénibles, répétitives et dangereuses. Dans ce système les systèmes automatisés libéreraient des heures de notre journée pour que l’on puisse les consacrer à ce qui compte vraiment : Comme la création, les relations humaines, l’apprentissage ou simplement les loisirs.
Pendant les Trente Glorieuses on croyait encore que le progrès technique nous conduirait à une société où chacun travaillerait moins pour vivre mieux. Et les économistes comme Keynes prédisaient même une semaine de 15 heures grâce à l’automatisation. Pourtant, aujourd’hui cette promesse a été largement trahie. Parce que dans la réalité la technologie n’a jamais servi à libérer l’humanité mais uniquement à maximiser les profits de bandits en col blanc.
Alors certes, les robots et l’intelligence artificielle ont bien commencé à remplacer des emplois pénibles. Sauf qu’au lieu de réduire le temps de travail ils suppriment des emplois sans qu’il n’y ait aucune compensation. Ce qui force les travailleurs restants à accepter des journées de travail toujours plus longues, des salaires minables et une précarité grandissante.
Le pire c’est que cette monstrueuse logique s’étend à tous les secteurs. Même le télétravail qui était censé nous libérer des contraintes du bureau s’est le plus souvent transformé en une prison dorée où l’on travaille plus et où l’on doit être joignable à tout moment. Et à coté de ça, les économies réalisées par les entreprises (bureaux, équipements, chauffage, climatisation, électricité…) sont très rarement redistribuées. Donc, plutôt que de nous aider à nous émanciper, la technologie a créé une nouvelle forme de servitude : Une exploitation à distance, invisible et encore plus brutale.
Et le vrai scandale c’est que cette situation est présentée comme inévitable. D’ailleurs, les médias dominants aux mains des milliardaires le répètent en boucle : « Il n’y a pas le choix », « La démographie l’exige », « La compétitivité l’exige » . Mais qui a décidé que la compétitivité devait passer avant la dignité humaine ? Est-ce que c’est toi ? Ou bien est-ce que c’est un système qui ne ménage pas ses efforts pour nous faire croire qu’il est incontournable ?
Conclusion : A toi de choisir ton futur
Cette histoire de robots philippins n’est donc pas qu’une anecdote technologique. C’est carrément un énorme signal d’alerte qui nous rappelle que le progrès sans justice sociale n’est qu’une forme de barbarie. Mais nous avons le choix. Nous pouvons continuer à consommer sans nous poser de questions en laissant les milliardaires écrire les règles. Ou bien nous pouvons exiger mieux en boycottant les entreprises qui exploitent les êtres humains. Ou encore mieux, nous pouvons soutenir les mouvements sociaux et réclamer avec force une redistribution des richesses. Parce qu’au final, si le futur doit ressembler à ce que nous constatons aujourd’hui mais en 1000 fois pire, alors il y a vraiment de quoi avoir peur de l’avenir.
Et toi, qu’en penses-tu ? Est-ce que tu crois encore que la technologie uniquement utilisée pour maximiser les profits représente une forme de progrès ? Donne nous ton avis dans l’espace commentaires situé ci-dessous. Et si tu as trouvé cet article constructif, merci de prendre 20 secondes pour soutenir le site en nous offrant un café sur Buy me a coffee. Merci également de prendre quelques secondes supplémentaires pour partager cette analyse autour de toi. En attendant, à bientôt pour nouvelles aventures.